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Photographie
de Felix
Arnaudin
Photographie de
Felix
Arnaudin
Photographie de Felix Arnaudin
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de Felix
Arnaudin
Photographie de
Felix
Arnaudin
Photographie de Felix Arnaudin
La petite commune de Lugos est éloignée d’environ 5 km à l’ouest du site de l’ancienne implantation du village que l’on nomme aujourd’hui « Vieux-Lugo ». Les Recogniciones feodorum (reconnaissances de fiefs) de l’Aquitaine médiévale évoquent des possessions des Albret en ce lieu, en 1274, alors nommé Lugor, que Bénédicte et Jean-Jacques Fénié proposent de rattacher à l’étymon Lur agor, passé à Lurgor, puis Lugor ; ici les termes aquitaniques Lur (terre) et Agor (sec) auraient fait référence aux terroirs hors d’eau parmi les zones marécageuses bordant la Leyre. L’emplacement où s’élève l’ancienne église de Lugo, sur un promontoire sableux de la lande girondine qui domine une boucle de la Leyre et le ruisseau de Lugo, concorde effectivement avec cette proposition. L’orthographe actuelle, avec un « s » final s’est fixée au cours du XIXe siècle, par attraction avec d’autres noms en -os voisins (Biganos, Caudos, Mios…).
Depuis le Moyen Âge, la paroisse de Lugo était située dans une enclave du diocèse de Bazas au sein du diocèse de Dax. Les Albret y possédaient des droits sur plusieurs terres, dont la basse justice sur la paroisse de Lugo. Cette enclave bazadaise s’est maintenue jusqu’à la suppression du diocèse de Bazas après la Révolution, en 1802.
Notre-Dame de Lugo (aujourd’hui dédiée au culte de saint Michel) dépendait au Moyen Âge du prieuré hospitalier de Saint-Pierre-de-Mons. Situé à environ 4 km au sud de la commune actuelle de Belin-Béliet), ce dernier fut fondé à l’époque romane où il joua un rôle important sur l’un des chemins conduisant vers Saint-Jacques de Compostelle et au sein de l’enclave du diocèse de Bazas implantée dans le diocèse de Dax. La paroisse de Lugo était établie sur l’axe d’une voie secondaire reliant les prieurés de Belin et Mons et plus largement sur l’axe reliant Bordeaux et le l’Espagne via le Pays basque, autrement dit à proximité des voies de circulation, empruntées notamment par les pèlerins. Au vu de cette position, l’économie et la vie de Lugo devaient donc, pour une part, être liées à cette circulation, aux services et aux bénéfices qu’elle induisait.
Au moins pour la période qui débute avec l’édification de l’église du Vieux-Lugo, c’est-à-dire vers la fin du XIIe siècle ou le début du siècle suivant, les quartiers d’habitation de la paroisse de Lugo n’étaient pas situés à proximité immédiate de l’église, mais plus probablement sur le chemin qui relie aujourd’hui Vieux-Lugo et Lugos, à proximité des ruines du moulin. Des vestiges ont été mis au jour lors de labours effectués vers 2000, qui vont dans le sens de cette proposition ; les monnaies découvertes, datent en effet pour beaucoup du début du XVIIe siècle, leur nombre s’amenuisant pour la seconde moitié du siècle et pour le siècle suivant. Ces découvertes peuvent conduire à penser que le dépeuplement de ce lieu s’amorça au XVIIe siècle et se poursuivit tout au long du siècle suivant.
Les familles, environ cent-cinquante personnes si l’on en juge par la taille et la capacité d’accueil de l’église, se déplacèrent probablement au sein des communes alentours pour une part et un nouveau regroupement d’habitations s’implanta au lieu-dit Séouze au cours de cette période pour former l’actuel Lugos. En 1789, un recensement faisait apparaître encore trois foyers (environ quinze à vingt personnes) à Lugo, qui n’apparaissent plus dans le plan cadastral de 1841. Un tel déplacement de bourg n’est pas un cas isolé dans la région ; sur la Leyre, plusieurs autres cas sont ainsi connus : Saugnac-et-Muret, Richet, Mano, Callen, Lanton, Mons… Les raisons d’un tel mouvement sont certainement multiples et l’on avance traditionnellement, concernant Lugo, des causes liées à l’insalubrité du Vieux-Lugo et à la recherche de terrains secs. La modification du réseau routier dut certainement avoir un rôle majeur ici, depuis la mise en place progressive, à partir du XVIe siècle, des routes royales, celle reliant Bordeaux et Bayonne passant par Belin.
Ici, l’utilisation de l’église de Lugo et de son cimetière s’est maintenue ; on apprend par les registres paroissiaux que les inhumations ont été pratiquées dans le cimetière situé autour de l’église et dans l’église elle-même, au moins jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Seules les habitations ont été transférées, avant que, finalement, une partie du cimetière le soit également, à côté de l’église nouvellement construite dans le nouveau bourg de Lugos, en 1848-1849. Bâtie d’après un plan dressé en 1842, la nouvelle église fut consacrée par l’archevêque de Bordeaux le 2 avril 1850.
En 1852, l’essor de Lugos conduisit l’ingénieur Simon aîné à envisager de faire de la commune, baptisée pour l’occasion Lugoville, le chef-lieu d’un nouveau département. Si cet ambitieux projet ne fut jamais concrétisé, la mise en valeur des landes par l’ensemencement en pins, dans la seconde moitié du XIXe siècle accentua la transformation du paysage landais et la commune sut tirer profit de la vente des landes communales pour financer le développement du nouveau bourg.